Il est sain de continuer ici et partout la discussion sur la TOURNANTE, car il y va de l'avenir de nos Institutions et donc de la bonne gouvernance de notre pays !
La réflexion de SAID ABDILLAH SAID AHMED que j'ai avec plaisir publié dans ce Blog défend l'idée de maintenir ce système. C'est le droit le plus absolu de l'auteur. Mais les arguments pour qu'il avance ne me paraissent pas assez convaincants.Pourquoi ?
L'auteur reconnait en toute honnêteté que la Constitution de 2001 est née de la pression des séparatistes, qu'elle fut applaudie par les ennemis de l'Unité des Comores, et qu'elle n'est pas la plus démocratique des Constitutions. Ce sont là des arguments qui, seuls, suffiraient ( "ubu na tsahu", dirait-on chez nous !) à repousser la Tournante.Mais S.ABDILLAH ne le fait pas et soutient la Tournante car elle assure à tout comorien quelle que soit son île d'origine, "d'espérer diriger le pays", ou encore qu'elle n'est pas l'origine de notre séparatisme.
C'est vrai que l'Archipel a appartenu aux "Sultans batailleurs" quand les rois des 4 îles s'y disputaient le pouvoir. Mais est-ce une raison pour, aujourd'hui, attiser ou tout simplement admettre des conflits entre les îles ? Nous répondons NON ! Au contraire, nous devons , tout en reconnaissant une certaine spécificité dans chaque île, tout faire pour le plus possible rapprocher les populations des îles afin de consolider leur appartenance à un seul et même peuple, à une Nation.
C'est ainsi qu'ont procédé nos pères en politique : Said Mohamed Cheikh, Said Ibrahim, Mohamed Ahmed, Ahmed Abdallah et leurs compagnons quand ils se mariaient hors de leur île, mais surtout par leurs choix et actions purement politiques qu'ils veillaient à ce qu'ils rassemblent les comoriens des 4 îles.
Ahmed Abdallah, président de la RFIC, a continué cette volonté politique en exigeant et en pratiquant " un équilibre des îles " tant dans la répartition des plus hautes responsabilités de l'Etat que dans les nominations dans l'Administration ou lors des missions et stages. Combien de fois nous sommes-nous vus recaler dans tel ou tel projet parce qu' il n'impliquait pas une des îles, ou bien parce qu'il manquait un ressortissant d'une des îles ? Cette volonté n'était pas écrite dans la Constitution, mais elle a été une exigence permanente à chaque fois que se formait un gouvernement, que s'octroyaient des bourses, que partaient des missions ou dans les nominations administratives, pourvu que le profil exigé était disponible.
C'est le lieu ici de dénoncer le gros mensonge qui a consisté à prétendre que la gouvernance d'Ahmed Abdallah était une gouvernance des domoniens ! quels domoniens donc ? , je pose la question et si quelqu'un peut répondre, qu'il donne des noms précis !
Il est vrai qu'il y a toujours eu un domonien ministre, mais cela ne date pas d'Ahmed Abdallah, puisqu' il y en a toujours eu depuis qu'on forme des gouvernements aux Comores; avec Affane Mohamed et Said Mohamed Djohar, du temps de l'autonomie interne, il y en eut même 2 en même temps.
En plus du ministre, il n'y eut que 1ou 2 directeurs domoniens sous Ahmed Abdallah : à Air Comores (avec Djamal Ahmed qui était, avec le mutsamuduen Bacar Abdou, les plus anciens dans cette société, d'où leur mérite) et à l'Enseignement Secondaire ( Salim Idarousse ) ou plus tard à Ecopor ( Saendou Cheh ).
Quand, depuis 1990 et surtout depuis l’avènement d'Azali, on a vu les gens de la ville, du quartier ou de la famille que nos Éminences ont nommés aux différents hauts postes, souvent sans aucun souci de leur compétence ( lire dans ce Blog, l'instructive contribution au débat de LAILA SAID OMAR ), l’honnêteté intellectuelle impose qu'on reconnaisse qu'à côté, Ahmed Abdallah n'a " rien fait " pour Domoni, lui qui pourtant disposait pour lui permettre d'abuser, et du pouvoir, mais aussi des cadres capables...
Donc le séparatisme ne date pas de 2001, nous avons connu ses vélléités au début des années 80 à Anjouan, mais le gouvernement les a étouffées avec énergie. Avec la Constitution Azali-Boléro de 2001, on lui a offert un lit constitutionnel. Rappelons-nous que dans les débats préliminaires, les séparatistes anjouanais exigeaient que Maoré ne soit pas évoqué dans les débats, encore moins dans la future Constitution. Il a fallu toute la vigilance et la détermination de la délégation de l'Opposition de l'époque pour que le séparatisme ne soit couronné dès 2001 par une balkanisation autoproclamée du pays.
La Tournante n'a rien de démocratique : en démocratie en effet, c'est le peuple qui choisit librement le candidat qu'il juge apte ; dans le système de la Tournante, le choix du peuple est de seconde main, après qu'une de ses parties ait fait un premier filtre ! Evidemment dans une loi, le législateur peut convenir de ce qu'il veut, même si elle est une loi fondamentale, mais reconnaissons que affecter ainsi à l'avance à une île le pouvoir suprême du pays n'a rien de démocratique.
Il est faux aussi de dire que seul ce système donne la chance à tout comorien de diriger le pays : la Constitution de 1978 n'interdisait à aucun comorien cette chance, pourvu qu'il soit élu, ce qui je le reconnais, n'était pas acquis d'avance. Je dis donc haut et fort que : pour espérer devenir président de la République, il ne doit pas suffire d'être l'enfant de telle ou telle île, il faut avoir auparavant montré ses capacités d'exercer cette charge quelle que soit l'île d'origine. Autrement l'élection devient comme une distribution de cadeaux.
J'ai déjà parlé du danger de la Tournante, LAILA Said Omar montre avec raison le népotisme et le favoritisme régional qui s'en suit ; je n'y reviens donc pas, si non pour préciser que les pouvoirs ont usé et abusé de ce vice depuis le coup d'Etat de 1999. Seule la mise à mort de la Tournante pourra donner un début à son arrêt, car il faudra en plus, instaurer un mode de désignation aux postes publics, mode qui devra mettre en exergue la compétence d'abord, l'équilibre des îles ensuite.
Nous pourrions parler aussi de la répartition des richesses nationales, car elle est effectivement cause de discorde entre les Régions. Ce sera dans une prochaine réflexion. Rappelons quand même pour terminer, notre conviction que : le séparatisme n'est pas l'affaire du comorien "ordinaire" dont les soucis sont ailleurs !
Le séparatisme est causé par la jalousie de ces incapables de toute île, qui, avides de pouvoir ( politique ou administratif ), mais se sachant sans la compétence nécessaire pour y accéder par les voies normales, profitent des difficultés que rencontre le peuple pour l'exploiter et l'abuser en lui faisant avaler n'importe quoi : haine des autres comoriens, renonciation de l'indépendance, retour au statut colonial...etc,
Nous osons croire que les anjouanais ont définitivement payer leur lot à cette exploitation éhontée !
Mohamed Chaher S.Massonde.
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