Monsieur IKILILOU DHOININE
Président de l'Union des Comores
Palais de Beït Salam
Moroni
Palais de Beït Salam
Moroni
Objet : adresse publique portant sur la politique menée par votre Gouvernement Sur la question de l'île comorienne de Mayotte
Excellence, Monsieur le Président de l'Union des Comores,
Ces
derniers mois, malgré vos prises de position publiques réaffirmant
l'appartenance de Mayotte à l'Union des Comores, des faits sont posés
qui non seulement prennent le contre-pied de votre orientation mais
aliènent l'avenir de notre pays en confortant les prétentions françaises
à ancrer définitivement Mayotte dans sa république.
L'accueil
par nos autorités judiciaires d'une Commission Rogatoire Internationale
délivrée par le juge d'instruction français BOEHRER, à partir de l'île
comorienne de Mayotte occupée a dépassé toutes les limites, saccagé les
bornes de notre constitution.
Il
est encore plus inadmissible que non content de délivrer une commission
rogatoire internationale insultante, cet homme soit autorisé à venir
enquêter sur la zone non occupée de notre pays, flanqué de trois
policiers.
Cela
est d'autant plus inacceptable qu'il s'agit d'instruire sur des faits
qui n'ont aucune qualification délictuelle aux Comores puisqu'il s'agit
d'enquêter sur les déplacements de Comoriens de Mohéli, d'Anjouan ou de
la Grande-Comore vers Mayotte occupée.
Si
ces déplacements devaient faire l'objet d'une enquête quelconque ce ne
serait certainement pas M.BOEHRER, ni aucun autre juge français qui
serait compétent, mais bien nos magistrats comoriens.
La
Venue de ce Monsieur sur notre territoire avec ses trois policiers pour
enquêter sur les « clandestins comoriens à Mayotte » est une insulte
insupportable à notre souveraineté et à notre dignité nationales.
La
mise sur pied d'une Commission Rogatoire Internationale qui autorise un
juge d'instruction français à venir dans la partie indépendante du pays
instruire une information judiciaire lancée à partir de Mayotte contre
des ressortissants des autres îles comoriennes constitue à cet égard un
acte juridique grave dont il est difficile d'apprécier toute la portée
en termes de jurisprudence et de preuve de l'acceptation comorienne du
fait accompli français à Mayotte.
Dans
un passé récent, l'Etat comorien avait refusé qu'un concitoyen arrêté à
Madagascar soit expulsé vers Mayotte. Le Chef de l'Etat comorien
s'était personnellement engagé et avait considéré l'attitude malgache
comme foncièrement inamical et entachant gravement les relations
fraternelles entre les peuples comorien et malgache. Mieux encore, la
justice comorienne avait refusé qu'un Comorien qui avait violée une
française à Mayotte soit remis à la justice française. Ce malfaiteur a
été jugé à Moroni et purge sa lourde peine dans nos prisons. Que
s'est-il donc passé entre temps pour qu'aujourd'hui on autorise des
juges et des enquêteurs français opérant à Mayotte à venir mener des
enquêtes à Ngazidja et Ndzuwani ?
Nous
tenons à rappeler qu'aux yeux des Comores, les déplacements entre les 4
îles sont complètement libres. Le problème concerne les conditions de
voyage par mer et par air entre les 4 îles et cela ne concerne pas
seulement les mouvements entre Maore et les autres îles. Comment peut-on
autoriser ceux qui occupent par la force notre île à venir investiguer
dans la partie indépendante de notre pays sur les déplacements entre
Mayotte et les autres îles ? Notre Etat qui a plié face au chantage
français sur le visa n'aurait-il aucune dignité ? Comment des hommes de
loi comoriens peuvent-ils accepter de piétiner la Constitution du pays
pour plaire à un pays étranger qui malmène notre pays des dizaines
d'années durant ?
En
agissant ainsi, la justice comorienne légitime l'annexion de Mayotte
par la France et offre un argument de poids aux français dans leurs
vaines tentatives de convaincre le monde sur la capitulation
comorienne.Nous vous demandons donc, Excellence, Monsieur le Président
de l'Union des Comores, de réagir fermement et de mettre un terme à ce
pseudo instruction et de faire annuler tous les actes engagés ainsi que
toutes les autorisations administratives données au juge Boehrer.
Nous
pensons qu'il convient de mettre le holà à toutes les manigances qui
sapent notre lutte pour le retour de Mayotte en engageant dès
aujourd'hui, et avec esprit de suite, un combat pour que la question de
l'île comorienne de Mayotte soit débattue à la prochaine session de
l'Assemblée Générale de l'ONU avec l'adoption d'une résolution
condamnant la politique française sur l'ile comorienne de Mayotte.
C'est
dans cet espoir que nous vous prions d'agrée Excellence, Monsieur le
Président de l'Union des Comores, l'expression de notre profond respect
et nos vœux pour l'exercice de vos fonctions stratégiques pour le pays.
Moroni le 25 février 2013
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