lundi 10 mars 2014

Comores /Mayotte : Cet éclair de lucidité de François Hollande et de Laurent Fabius...


Comores /Mayotte : Cet éclair de lucidité de François Hollande et de Laurent Fabius...
«En droit international, on ne peut pas faire un référendum pour modifier des frontières», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius (lire Le Monde du 6 mars). On a envie de lui demander pourquoi, alors, la France a suivi cette voie en mars 2009 à Mayotte. 
La phrase lâchée par le chef de la diplomatie française aux journalistes, dans l'avion qui le conduisait à Rome (Italie), va-t-elle enfin permettre à notre pays de reprendre la main sur la question de Mayotte, l'île comorienne sous domination française depuis déjà trente-neuf ans? Il faut être naïf pour le croire. Mais, si le rapport de forces ne va pas, pour autant, changer, au moins la France reconnait-elle implicitement que le référendum organisé en mars 2009 est, au regard du droit international, «illégal». 
Jamais une autorité française n'avait jusqu'ici admis l'illégalité du projet de départementalisation de Mayotte. Il s'agit donc d'une première même indirecte. Et les Nations unies, qui reconnaissent l'intégrité des Comores en tant qu'archipel composé de quatre îles, doivent s'engouffrer dans cette brèche pour pousser Paris dans ses retranchements. 
Si on peut tirer quelque chose de positif dans la situation qui prévaut aujourd'hui en Crimée (Ukraine), c'est le fait, pour la communauté internationale, de découvrir, comme le nez au milieu de la figure, le double langage de la France selon que ses intérêts sont en jeu ou non. Quelques heures après la phrase de Laurent Fabius, le président François Hollande a, en effet, déclaré: «il ne peut y avoir de référendum sur l'avenir de la Crimée sans que l'Ukraine elle-même n'ait décidé de l'organiser». On est frappé par cet éclair de lucidité qui a subitement saisi les autorités françaises! 
En 2009, cette France-là n'avait pas demandé au gouvernement comorien d'organiser la consultation sur la départementalisation de Mayotte; elle a royalement ignoré les récriminations des Comores et de la Communauté internationale avec la vingtaine de résolutions de l'Onu. Alors que, logiquement, il n'appartient pas à la puissance colonisatrice (la Russie aujourd'hui, la France hier) de superviser un tel scrutin. 
Sur le cas des Comores, le référendum n'avait d'autant plus sa raison d'être que le 22 décembre 1974, les Comoriens s'étaient déjà prononcés majoritairement en faveur de l'indépendance et l'Onu, à plusieurs reprises, a fait part de son opposition à «toute forme de référendum ou consultation qui pourrait être organisée ultérieurement en territoire comorien de Mayotte par la France». 
La déclaration de Fabius sur la crise en Ukraine est, donc, en contradiction flagrante avec la diplomatie française de ces quarante dernières années. Mahmoud Ibrahime, historien et professeur à Paris, rappelle que la France a, à deux reprises, «tenté de modifier ces frontières (aux Comores). D'une part, par le référendum du 8 février 1976, et par lequel, après le renvoi des opposants dans les autres îles, 99% des habitants se sont prononcés pour la 'francisation' de l'île. D'autre part, par le référendum du 11 avril 1976 par lequel les Maorais ont rejeté massivement le statut de territoire d'outre-mer». 
Dans un texte qu'il a publié dans le blog Mlimengu, il ajoute: «c'est donc avec un certain amusement que les Comoriens entendent régulièrement le gouvernement français évoquer le respect d'une résolution de l'Onu pour intervenir militairement dans certains pays du Tiers-monde. Ils ont été encore plus amusés et ont réagi nombreux sur les réseaux sociaux par la diffusion de la phrase du ministre français des Affaires étrangères». 

Mohamed Inoussa
Source  : alwatwan

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