mardi 29 juin 2010
LA CLAQUE, par Me Abdou ELANIOU
D’ailleurs, on a déjà dit merci cent fois ! Ci et là, j’entends fuser des louanges à l’endroit d’une communauté internationale qui nous a doublement insultés ! En nous imposant un calendrier électoral, elle nous renvoie à trois vérités qu’il est très difficile d’avaler parce qu’elles sont très amères et parce qu’elles contiennent beaucoup d’autres, toutes plus amères les unes que les autres !...Trois vérités-mères qu’il faudra accoucher pour découvrir toutes les autres :
Nous ne croyons ni à nos lois ni à nos institutions,
Nous sommes incapables de nous entendre pour trouver une solution à nos différends,
Quand on nous en impose une, nous sommes incapables de la refuser .
On comprend l’indignation du Dr MOUTHAR qui dans un discours très officiel et devant le Chef de l’Etat, a fustigé l’attitude de la fameuse « communauté internationale » . J’invite tout le monde à partager cette indignation mais à une condition : que tout le monde reconnaisse que nous nous sommes nous-mêmes couverts de ridicule !
Je sais, c’est très dur à avaler et surtout à dire ! Mais c’est à ce prix que nous pourrons un jour remonter à la surface ! Car nous sommes pour le moment au fond du gouffre, et personne ne me contredira. Tout aurait dû s’arrêter au niveau de la Cour constitutionnelle. Bien sûr elle avait mal fait son travail. Quand elle nous a lancé sa patate chaude, nous étions un certain nombre à appeler de nos vœux un sursaut rationnel, un réflexe juridique qui nous aurait conduits devant la même cour pour en repartir plus rassérénés et plus forts. Il semble que finalement la juridiction ait été saisie en interprétation, au dernier moment, mais qu’elle aurait gardé un silence prudent en attendant les résultats des démarches de l’Ambassadeur RAMTANE LAMAMRA….
Mon Dieu, faites que ce que j’entends et que je vois ne soit qu’un mauvais cauchemar ! Et l’Ambassadeur a, lui, fait son travail ! Il nous est revenu avec une proposition….. qu’on ne peut pas refuser !!!
ll fallait attendre l’interprétation que la Cour ferait de son propre arrêt ! mais on s’est « méfié d’elle » et elle s’est méfiée d’elle-même ! Elle devait siéger en urgence et sortir le pays de l’impasse. On attend toujours sa décision ! On s’est emballé et chacun voulant avoir raison, on avait peur que la raison soit avec l’adversaire !
Il est un fait historique d’une importance capitale pour notre pays. Il ne faudra jamais l’oublier : l’ingérence, c’est nous qui l’avons invitée ! Rappelez-vous ! En 1997, quand il fallait prendre une décision politique difficile, personne ne voulait s’engager, on s’est débarrassée du problème sur tout ce que la terre comorienne pouvait contenir de délégations étrangères et cela a donné ADDIS- ABABA, et cela a donné ANTANANARIVO, et cela a donné un coup d’Etat !!!
Une anecdote tout à fait édifiante à cet égard : l’époque a coïncidé avec le départ définitif d’une fonctionnaire internationale. Dans son pot d’adieu, cette personne nous avait traités d’incompétents, mais elle l’avait dit avec telle ment de conviction, tellement de finesse aussi (hé oui !) qu’on a cru que c’était vraiment d’elle-même qu’elle parlait quand elle disait : « j’étais incompétente !!!... » avec un sourire qui en disait long !
Bien sûr, il fallait se faire aider mais pas de la façon dont nous nous étions pris…On connaît la suite de cette triste aventure séparatiste ( aujourd’hui derrière nous, vous croyez ?)
Nous avons invité nous-mêmes cette communauté internationale, nous lui avons confié le sort du pays au lieu de prendre nous-mêmes les résolutions et les décisions qui s’imposaient parce que…..Nous étions simplement incapables de le faire !!!
Pour lancer les réflexions, il suffira peut-être de nous demander pourquoi nous sommes incapables de discuter calmement ensemble et d’ouvrir à chacun une porte de sortie. Pourquoi ?
Nous parlons beaucoup, mais sans croire à la force de la parole donnée ? Pourquoi ?
Ce que nous décidons aujourd’hui, personne ne peut nous garantir que demain, ce ne sera pas un chiffon de papier. ? Pourquoi ?
Nous voulons être démocrates mais sans accorder aucun crédit à la loi ? Pourquoi ?
Que de fois, au cours de discussions très sérieuses n’a-t-on pas entendu : « ce n’est que la loi, ce n’est pas le Coran ! » exactement pour dire qu’on n’est pas tenu de la respecter !!! Pourquoi ?
Le fameux consensus qu’on nous sert à toutes les sauces, c’est ni plus ni moins, cette réaction de fuite qui par définition nous éloigne de la norme fixée d’avance, donc nous jette dans l’irrationnel intégral et ouvre la porte à toutes les divagations…..Pourquoi ?
Arrêtons cette litanie de questions et de malheurs. Comme l’automobiliste qui s’est trompé d’itinéraire, faisons plutôt machine arrière ! Revenons à la source, au point de départ, revenons à 1975 ! Et justement le 6 juillet ce sera dans quelques jours !
1975-2010 ! 35 ans d’indépendance ! Si on le tire de la litanie, le bilan est vite fait :
Toute notre histoire de l’indépendance, montre qu’à aucun moment nous n’avons su surmonter nos difficultés, quelles qu’elles soient, (financières, politiques, économiques ou même sociales)…, sans l’intervention de l’extérieur !...
Etre indépendants, c’est quoi ? Notre indépendance est à conquérir, et cette fois, ce sera un peu plus difficile, car il faudra l’arracher non pas à un bouc-émissaire mais bel et bien à un invité très courtois, très bien élevé qui garde le sourire même si on est désagréable, parce qu’il sait que nous nous sommes arrangés pour avoir toujours besoin de lui : nous avons des lois pour la parade, des jugements-joujoux, des institutions pour faire joli, et des principes pour parler comme tout le monde ! 35 ans !....si nous continuons dans la même direction, l’invitée d’honneur aura encore des beaux jours sous notre ciel bleu…. !
Source : Me ELANIOU http://masiwamane.over-blog.com
samedi 26 juin 2010
Comment le séparatisme est-il devenu une gangrène ? de KAMAL SAINDOU
En 1999 lorsque les principales forces politiques comoriennes, réunies à Antananarivo, échafaudaient l’Union des Comores sur les ruines de la République, des esprits prudents étaient réservés sur cette architecture dont le nom de “Nouvel ensemble comorien“ sorti du chapeau de la Communauté internationale est en soi intriguant. Mais face à la vitesse avec laquelle la lame de fond de ce mouvement inattendu a déferlé sur le pays, les acteurs politiques comoriens ont très vite attrapé la première bouée tendue. Peu importait alors la main du secoureur, c’est l’opportunité qu’ils avaient de sauver leur peau qui comptait. D’autant plus que pour la plupart de ces groupes politiques, cette déferlante ne pouvait que mieux tomber pour emporter un gouvernement dont ils étaient, tous, farouchement hostiles. L’on pourrait attribuer l’opportunisme qui a suivi les premières secousses séparatistes à l’effet de surprise si l’histoire politique post indépendance de ce pays n’était pas celle des capitulations. Déjà en 1975, lorsqu’Ahmed Abdallah Abdérémane opte pour l’indépendance unilatérale pour anticiper les marchandages sur le petit “non“ mahorais, ses opposants ne se sont pas gênés de troquer la souveraineté du jeune Etat contre l’illusion d’un aménagement politique avec le Mouvement populaire mahorais. Le coup d’Etat du 3 août 1975 n’aura permis qu’une chose : la sécession de Mayotte qui inaugure le lent processus de démantèlement du pays sous la forme d’une crise institutionnelle permanente. Quand Ali Soilih, le principal auteur de ce premier putsch, réalisa qu’il fut égaré, le ver était déjà dans le fruit. Et ce n’est faute d’avoir été averti par quelques partisans lucides comme Abdoubacar Boina, qui témoigna plus tard avoir exprimé son scepticisme sur le bienfondé d’un putsch qui minait les espoirs d’aboutissement d’une revendication soutenue par la quasi-totalité des Comoriens. Trois ans plus tard, Ali Soilih payera de sa vie sa tardive prise de conscience.
De son exil parisien, Ahmed Abdallah accepte de reprendre du service non sans avoir souscrit au projet de la rue Oudinot d’une indépendance cadrée par l’étrange principe “des entités régionales” inspiré du fameux pluriel “des populations” imposé dans les Accords du 15 juin 1973(1). La constitution fédérale qu’il ramène de son exil parisien le 13 mai 1978 était la condition de sa réinstallation au pouvoir.
Depuis, tous les locataires de Beit Salam apprirent qu’il y a des limites qu’on ne franchit pas. Les uns se sont faits une raison de leur survie politique ; les autres y ont laissé leur peau. Au temps des coups d’Etat, ce moyen d’accéder au pouvoir servait à maintenir brandie l’épée de Damoclès. Après la Baule, on leur a substitué le spectre séparatiste. La tentative séparatiste de 1992 à Mohéli –la seconde depuis celle de Mayotte en 1975 – n’a pas fait long feu mais a inspiré la nouvelle stratégie de déstabilisation. L’on parle d’identification insulaire, de spécificités insulaires, de quota de répartition des postes politiques, de frustrations accumulées et bien sûr d’hégémonie des îles sur les autres, etc. En 1997, le test mohélien trouve à Anjouan, l’île réunissant tous les ingrédients – explosion démographique, dégradation sociale et économique – une déflagration aux effets dévastateurs.
Comme en 1975, devant ce nouveau risque séparatiste, les formations politiques ont privilégié leur opposition au gouvernement en place au détriment d’une union sacrée pour défendre la souveraineté nationale. Un opportunisme de plus qui confisque toute capacité de riposte à cette nouvelle crise sécessionniste – la troisième donc –-. Dans le vide laissé par la démission des politiques, la communauté internationale, l’Organisation de l’Unité africaine (actuelle Ua) en tête n’eut aucune peine à faire passer sa vision de sortie de “crise” et engage les Comores dans le cycle infernal de démantèlement/réconciliation/démantèlement qui aboutit à ce système politique éclaté. “Ce système d’une Union des îles, c’est ce qu’on nous proposait en 1973“, se souvient un leader de la première génération politique comorienne. Un aveu qui confirme que beaucoup des personnalités comoriennes savaient ce qui se tramait depuis trois décennies.
Acteurs ou seulement complices? Difficile de répondre à leur place. Leur silence les rend au moins coupables vis-à-vis des Comoriens qui ont payé un lourd tribut de l’instabilité chronique, le corollaire de tels atermoiements. Comment un peuple pouvait-il se construire un destin national quand ceux qui parlent en son nom ne sont que les relais locaux d’une oeuvre de déconstruction de son identité. Ailleurs, on les nomme des collabos. Chez nous ils surfent sur l’amnésie des Comoriens et continuent de prospérer sur un pays qui se meurt.
Kes
(1)Accords sur le processus d’accession de l’archipel des Comores à l’indépendance
dimanche 13 juin 2010
dimanche 6 juin 2010
ET MAINTENANT ? par Mohamed Chaher.
Non pas que les mohéliens sont satisfaits de la situation qui prévaut au jour d'aujourd'hui; mais ce n'est pas la destruction de leur île par ses propres enfants qui aurait mieux résolu le problème qui nous préoccupe tous, eux et nous , nous et eux .
Un problème qui pourtant attend des réponses simples puisqu'il ne s'agit que de la décision des exécutifs du pays de convenir ensemble des dates des élections pour désigner leur remplaçant.
Qu'est-ce qu'on n'a pas entendu comme réponses à cette simple question ? A les écouter, nous finissons par nous demander si ce pays, notre pays, a une Constitution, des Institutions, ou si au contraire chacun de ceux qui détiennent un pouvoir, minime soit-il, se croit autorisé à dicter au pays, au peuple tout entier, ce qui n'est que son souhait personnel de durer et de diriger ?
Depuis que je me suis remis à re-émettre un avis sur cette actualité, certains de ceux qui ont prétendu m'avoir lu, m'ont reproché d'abord d'être sorti de mon long silence comme si je leur manquais, de vouloir ménager le choux et la chèvre, d'avoir oublié "nos" révisions constitutionnelles passées, etc ...etc...
Ils ont oublié eux-mêmes que j'ai toujours dit ce que j'avais à dire quand j'avais quelque chose à dire, mais ma devise n'a jamais été de parler pour uniquement m'entendre parler ! Ils feignent d'oublier que être au pouvoir n'a jamais été une obsession pour moi qui, au contraire, ai plutot aidé d'autres à y arriver ! Ils confondent, quand ils les comprennent, les situations d'impasse constitutionnelle qui ont jalonné notre jeune histoire. Ils se ferment enfin les yeux pour ne pas voir que ce que je défends, ce n'est ni plus ni moins que le respect de la Loi et dans le cas présent , la Loi Fondamentale.
Je ne reviendrai pas sur les analyses déjà faites, mais je ne peux ne pas rappeler que notre pays est souverain, et on ne peut que le respecter surtout si ceux qui le dirigent le dirigent en respectant les Institutions que le pays s'est librement données. Ce rappel est pour appeler à plus de sérieux tous ceux qui n'ont pas peur du ridicule en appelant à droite et à gauche pour qu'on boycotte le pays, pour qu'on le chasse d'ici ou de là et je ne sais quoi encore; qu'ils constatent au moins et comprennent que leur appel ne saura trouver aucun écho, car la solution au problème est ailleurs ...
Et maintenant ? demandé-je . Ma réponse reste la même : que les Chefs des Exécutifs des îles et de l'Union se voient en responsables, en enfants des Comores, pour fixer les dates des élections harmonisées. On ne peut pas comprendre qu'ils aient besoin pour cela de passer des mois et des semaines de discussions vaines, de déplacer des émissaires pour venir d'Afrique et d'ailleurs pour leur faire comprendre qu'il faut qu'ils se mettent d'accord pour l'intérêt de leur propre pays !
Que de temps perdu ! pour n'arriver en fin de compte que là où on aurait pu arriver sans tous ces va-et-vient. Qu'on nous dise ce que le pays a gagné de ces mois de tiraillements ? qu'on nous dise ce qui en sortira d'autre que des élections harmonisées d'ici quelques mois.
Le pays n'a rien gagné, dis-je ! Au contraire, il aura perdu tout ce qui n'a pas été fait depuis qu'a commencé cette mauvaise littérature constitutionnalisante. Le pays a en particulier perdu de n'avoir pas parlé depuis tous ces mois, du problème de l'île comorienne de Mayotte. Nous attendions une réunion du Comité des 7 pour ce différend : personne n'en parle plus, alors que tout le monde, opposants et dirigeants, s'est déplacé jusqu'au siège de l'Union Africaine dont relève ce Comité.
Voilà un exemple de ce que nous fait rater cette fausse querelle de nos apprentis constitutionnalistes. Voilà pourquoi, j'invite à être plus sérieux, plus patriotes pour savoir ce qui est important pour le pays, ce qui est prioritaire et mérite la mobilisation de tous les enfants de ce cher pays.
Car l'élection d'un président mohélien se fera, car telle est la Loi aujourd'hui. Et parce qu'elle se fera, entendez-vous pour en fixer la date, pour de grâce, vous ateler pendant le peu de mois de pouvoir qui vous restent encore, à militer un peu plus pour l'intégrité et l'unité de notre pays, et pour le mieux-être de son peuple. Que la Communauté Internationale vous assiste pour cela et non pour seulement vous entendre entre vous-mêmes !
Retournez autant de fois que vous voudrez à Addis Abéba et ailleurs si c'est pour cette cause ! Personne ne vous en tiendra grief. Au contraire, on vous saura gré .